Le berger des toiles
Installé dans le tiers-lieu Usine vivante à Crest dans la Drôme, l’artisan réalise des toiles étanches sur mesure pour dômes géodésiques, yourtes, tipis, roulottes, et autres structures insolites. Fondateur de Les Toiles du Berger, ce voyageur dans l’âme est membre de la CAE Solstice.
Berger l’été dans les alpages suisses, couturier l’hiver, Thomas Cusin Berche a longtemps apprécié cette transhumance spatiale et intellectuelle. Adepte du voyage et de la découverte, il a, dès l’obtention de son BTS froid et climatisation, tenté l’aventure aux Antilles. Une mauvaise expérience l’ayant vacciné du salariat classique, il a cherché sa voie pendant quelques années alternant voyages et intérim. Entre 2005 et 2007, il s’initie à la fabrication de toiles pour tipis en Ariège, mais c’est en 2016 qu’il pose ses valises au tiers-lieu l’Usine vivante à Crest. « L’atelier est situé dans un grand hangar de 150m². Je dispose d’une table de 50m² équipée de deux postes de couture pour pouvoir accueillir des auto-constructeurs, ainsi qu’une table de découpe de 2 x 8 mètres. L’espace disponible permet de réaliser de très grandes toiles et d’installer l’ossature bois d’un habitat léger », explique Thomas.
Allergique au statut d’auto-entrepreneur
Allergique au statut d’auto-entrepreneur, il monte d’abord une association qui atteint rapidement ses limites juridiques. C’est en échangeant avec plusieurs membres du tiers-lieu qu’il entend parler de la CAE Soltice : « Outre les services comme la comptabilité, l’accompagnement ou la prise en charge de la TVA due, intégrer une coopérative correspondait à mes valeurs », indique l’artisan. « Je me suis impliqué petit à petit dans la gouvernance partagée et aujourd’hui je siège au conseil d’administration même si je voudrais être plus présent pour le collectif. Ce que je souhaite, c’est contribuer modestement à créer un monde du travail meilleur. L’entreprise coopérative devrait être au programme de l’Education Nationale ». Certes conjuguer son activité, l’investissement dans le collectif et la vie personnelle n’est pas toujours simple. Mais la motivation est bien présente. « Plusieurs partenaires sont entrés dans la coopérative ce qui facilite très largement nos échanges commerciaux et nos collaborations », souligne l’artisan. D’autant que l’activité semble plutôt au rendez-vous. « Du fait de l’augmentation du prix de logement, de plus en plus de personnes se tournent vers l’habitat léger. Un habitat aux normes RT 2020 bien loin de l’image d’Epinal de la yourte traditionnelle ».
